Les grands bruns, il y en a des centaines. Ils sont banals, on ne les voit même plus.Elie est l'exception qui confirme la règle. Il est grand, oui, mais très grand : il avoisine le mètre quatre-vingt dix. Il est brun, oui, mais très brun : ses cheveux sont presque noirs. Il a une peau très pâle, il faut dire qu'avec un père anglais et une mère russe, il ne risquait pas d'être mat. Le problème avec les peaux pâles, c'est que les coups se voient facilement. Elie, qui n'est pas d'une grande délicatesse, se voit donc de l'obligation de porter quasiment tout le temps des manches longues ( il porte des tee-shirts quand il est bien sûr de n'avoir aucune marque sur le corps) . C'est très bien aussi les manches longues, mais bon, ça pourrait éveiller les soupçons en plein été quand il fait 40° degrés aux Iles Canaries et qu'il refuse catégoriquement d'enlever sa chemine Armani. Bref. Elie a les yeux bleu clair. C'est simple, il déteste ses yeux. Une haine viscérale, pure, incompréhensible. En fait, il serait plus juste de dire qu'Elie se déteste. Malgré son joli nez droit et fin, malgré ses lèvres roses et charnues, malgré ses longs cils magnifiques, malgré son visage d'ange, il déteste son physique qu'il trouve trop gauche, trop banal, trop vu et revu par les milliers de grands bruns banals. Il ne voit pas son originalité, malheureusement. Pourtant, Elie a la classe. Jamais une faute de goût. Ses chemises et tee-shirts sont toujours d'excellente qualité, ses jeans parfaitement repassés, et ses chaussures, bien sûr, sont italiennes. Elie a également une démarche particulière, à la fois naturelle et sophistiquée, propre à ceux qui se savent observés, non pas pour leur beauté, mais pour leur charisme. La voix d'Elie est également particulière : à la fois rassurante et douce, on dénote un très léger accent. En effet, les premiers mots d'Elie n'ont pas été anglais, mais russes.

Elie a des circonstances atténuantes. Les seuls coupables, ce sont ses parents et pas lui. Il ne pouvait rien faire contre l'autorité écrasante de son père, sa violence et sa tyrannie. Il ne pouvait rien faire contre la présence étouffante et tentaculaire de sa mère. Il a grandi dans un univers où tout lui était interdit. Il était complètement bridé. Le choc de la liberté a été si fort qu'on peut dire qu'il a perdu la tête, en quelque sorte. Tout ça, c'est pour se venger de son enfance. C'est juste de la vengeance, pure et simple. Mais entrons dans les détails.

Elie est quelqu'un d'assez violent, sans pour autant qu'on le qualifie de grosse brute. Violent physiquement, mais surtout mentalement. Si par hasard vous tombez sur ses écrits ( et vous aurez alors de la chance ), vous verrez à quel point la violence est en lui. Mais d'où ça lui vient ? Tout simplement de son enfance. La frustration s'est transformée en colère. La colère s'est transformée en haine. Et la haine s'est transformée en violence, contre lui-même, principalement, puisqu'il ne pouvait attendre ses parents. C'est une forme de punition envers sa famille.

Notre Clash est un garçon très possessif pour qui l'amitié est le plus important de tous les sentiments. Il a subi de grosses déceptions d'amitié dans son enfance et sa confiance est un bien fragile qu'il faut savoir conserver. Néanmoins, une fois qu'on l'a, Elie sera toujours là. Il ne peut pas compter sur sa famille pour le tirer vers le haut donc il n'a que ses amis pour s'en sortir. Mais sortir de quoi ? De tout ça, de tout ce qui l'étouffe et le transperce. Tous ces moyens artificiels qu'il expérimente pour oublier la souffrance. Le problème, c'est qu'il se complaît dans cette décharge médicamenteuse et alcoolique dans lequel il a sombré. Il pensait découvrir le bonheur en accédant à la liberté, mais c'est du mauvais côté qu'il a sombré, malheureusement.

Pourtant, il n'est pas plus bête qu'un autre. Au contraire, il est plutôt bon élève. Pas vraiment assidu, mais quand quelque chose l'intéresse, il peut se montrer vraiment brillant. Elie est quand même plus manuel qu'intellectuel. Pour lui, rien n'est plus gratifiant de contempler quelque chose qu'on a créé.

Pour résumer, Elie n'est pas un garçon facile, mais pas irrécupérable. Certes, il est lunatique et violent. Oui, il est arrogant, borné, hypocrite et manipulateur. Oui, il a ce côté incontrôlable qui ne le rend pas rassurant. Mais il a un coeur en or, une sensibilité exacerbée et son côté « go, on y va, pense pas au lendemain ! » lui attire beaucoup de sympathie.

Les goûts d'Elie ? Il y en a beaucoup et ils partent dans tous les sens. Il aime s'amuser et expérimenter de nouvelles choses. Avec lui, chaque jour est à vivre puisqu'il y a toujours à découvrir. Et c'est ainsi qu'il découvrit tout d'abord les Dragées Surprises de Bertie Crochue, puis une autre sorte de dragées, hum.Pourtant, ce n'était que de simples comprimés anti-douleur que lui avait prescrit le médecin pour des migraines chroniques. On ne peut pas vraiment parler de goûts, mais plutôt de besoin. Donc, pour en revenir aux goûts à proprement dit, Elie adore les fêtes. Mais il a également des loisirs solitaires, tels que l'écriture ( il tient un journal intime depuis ses onze ans ) ou la construction de miniatures magiques. Depuis qu'il est tout petit, Elie est fasciné par la reproduction du monde en petit format, et il se révèle plutôt doué, dans ce domaine qui demande une grande créativité et de la patience ( que, bizarrement, il réussit à avoir pour ça ). C'est en fait une passion, qu'il cache parce que tout le monde trouverait ça bizarre. D'ailleurs, il n'a jamais montré à personne ce qu'il avait construit. Faut pas rêver.

THE KING - « Fiancé ? »
LE TYRAN - « Oui. Ce sera merveilleux, tu porteras un smoking Armani, ta future femme une magnifique robe, sur mesure, bien entendu et ... »
THE KING - « Et je peux au moins savoir qui c'est ? »
LE TYRAN - «  Je ne te l'ai pas dit ? Natalia De Lampedusa, bien sûr ! Tu vas à Poudlard avec elle, mon chéri. »
THE KING - « Foutage de gueule ! C'est non ! Vous pouvez pas décider pour moi, putain de bordel ! Espèce de sale co... »
LE TYRAN - « Ne me parle pas sur ce ton ! Tu es fiancé, un point, c'est tout. La mère de Natalia et nous avons conclu le mariage pour vos dix-huit ans. »
THE KING - « Je vous hais tous ... Je m'enfuirais, je partirais d'ici et tu l'auras dans le ... »
LE TYRAN - « Un mot de plus et tu seras obligé de ramper pour te déplacer. »

Elie Benjamin Clash se retint d'exploser à la tête de sa mère. Le sang battait à ses tempes pâles et ses yeux bleus étaient luisants de rage. Il était complètement impuissant devant l'autorité de ses parents, et la rage qui l'habitait était en train de le dévorer. Mais il ne pouvait rien faire. Sa mère quitta la chambre, le laissant seul. Il fut tenté de jeter sa chaise de bureau par la fenêtre mais il s'abstint et rajusta la chemise de son costume Ralph Lauren. Il se contempla dans la glace, observa ses cheveux noirs, ses yeux bleus et sa peau blanche, qui prenait une légère teinte rosée à cause de la colère. Il était parfait dans le rôle de l'adolescent classe issu de l'aristocratie. Il était moins parfait dans le rôle du fils parfait.

Ses relations avec ses parents avaient toujours été conflictuelles. Son père, Andrew Clash, autoritaire ascendant despote, ne comprenait pas son fils et vice-versa. Il préférait écraser plutôt que de discuter et le résultat s'était révélé désastreux. Quand à Rachel Clash, le nom 'Tyran' lui conviendrait beaucoup mieux. Elle envahissait la vie de son fils comme une pieuvre, et si Elie avait maintes fois essayé de lui couper les tentacules, elle recommençait toujours avec plus d'ardeur.

On l'appelait en bas, les invités commençaient à arriver. Les Cohen, les Lewis, les Blow ... Il y en avait des familles, des lords et des ladies qui roucoulaient en redingote et en robe du soir. Il y avait quelques filles qui minaudaient autour d'Elie. Il avait beau se détester, les autres voyaient en lui un ange aux yeux purs, tout en contraste. Tu parles, quelles conneries. Elie les ignora superbement, regrettant que les Mayfaire n'aient pas pu venir. Il y aurait eu Jacob, et là, il aurait pu s'amuser. Une triste soirée s'annonçait.

Il errait donc, comme une âme en peine dans le salon de réception. Il alternait coupes de champagne et shots de whisky Pur Feu. Mais il restait raisonnable : il savait ce qui lui coûterait d'être ivre à une soirée où on allait annoncer ses fiançailles. Sa mère vint le chercher, tout sourire. Elle était radieuse, dans sa belle robe blanche et ses escarpins claquaient contre le sol lustré. Elie poussa un profond soupir et avança. Il pressentait le pire, et il avait raison, d'ailleurs. Deux femmes les attendaient à l'autre bout de la pièce. La plus jeune était merveilleusement belle, mais pour Elie, là n'était pas le problème. Comme il le pressentait, ça se passa mal. La jeune De Lampedusa semblait avoir du caractère, autant qu'Elie et la façon dont elle répondit à Rachel et sa mère plut beaucoup au jeune Clash. Il fallait s'en faire une alliée ou c'était la fin de tout. Après la dispute entre Natalia et sa génitrice, la soirée repartit, plus froidement, certes, et on fit mine d'oublier l'incident comme on le faisait si bien dans ce milieu. Elie arrêta un serveur, se resservit un Whisky pur feu dans lequel il n'avait pas omis de laisser tomber un petit cachet blanc. Puis il se dirigea vers sa fiancée -car ils l'étaient, désormais-, qui était seule, et qui buvait, elle aussi.

THE KING - « Bonsoir. »

Sa voix était douce, légèrement rauque comme d'habitude et on pouvait y noter une pointe d'arrogance.

THE QUEEN - « Bonsoir. »

Le ton de la belle était froid. Elie comprenait. Il la comprenait même très bien.

THE KING - « Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Toi et moi, on est dans la merde. On n'a aucune envie de se marier à dix-huit ans. La vie n'est pas un conte, y aura pas de jolis fins avec 'et ils eurent beaucoup d'enfants' ou autres conneries de ce genre. Pas avec moi, en tout cas. »

THE QUEEN. - « Ca y est, t'as finit ta comédie ? Non parce que sincèrement, entre toi et moi, je ne veux pas d'enfants avec toi, déjà respirer le même air devient limite. Alors si tu as finit de faire ton connard de première, tu m'files ton verre, et tu retourne auprès de tes amis. Ce monde est le tiens, éclate toi, profite, pour un peu que tu te sentes important, faudrait qu'en même pas te retirer cette jouissance... »

Oh, alors, c'était comme ça. Très bien. La reine allait découvrir que son roi était un traître. Le jeune homme plaqua doucement la fille contre le mur, la maintenant fortement. Il se pencha à son oreille, et murmura de la même voix douce, rassurante mais où maintenant perçait une menace sourde.

THE KING - « N'essayes pas de résister. N'essayes pas de faire ta peste arrogante avec moi, Natalia. Moi aussi, je suis comme ça et on ne trouvera jamais de solution si on est l'un contre l'autre. Ce monde, comme tu dis, est celui du paraître. Les gens ne cherchent pas à voir au-delà de ce qu'on leur montre. Montrons-leur ce qu'ils veulent voir. Ce seront nos pions. Nous sommes les rois de l'échiquier, n'oublies pas ça. »

Il se redressa doucement, dévisageant la jeune fille de ses yeux clairs, si clairs qu'ils mettaient mal à l'aise. Il vida son Whisky pur feu d'un trait, avant d'avaler un autre cachet.

THE QUEEN. - « Ecoute Clash, le paraître, je m'en fiche. Je ne supporte plus d'être une autre. Je suis moi, Natalia De Lampedusa. Une alcoolique, traînée sur les bords, qui n'a aucune avenir. Cependant tu sais j'me soigne et j'assume. Alors si tu veux faire plaisir à papa et maman, ce ne sera pas avec moi, trouve toi une autre future femme. Je te la conseille plus docile, et dénuée de cerveau pour qu'elle puisse être à tes ordres. »

THE KING - « Tu crois que ça m'impressionne ? Tu es alcoolique ? Moi, je suis un drogué. J'ai des pulsions bizarres et inavouables. Et loin de moi l'idée de faire plaisir à mes parents. Mais on a la bague au doigt, Natalia, et ça, on ne peut rien y faire, pour l'instant. Tu veux passer le restant de tes jours avec un drogué qui piquera des crises parce qu'il a pas ses petits cachous ? Je veux pas vivre avec une alcoolique meurtrie. Il faut jouer la comédie, et par derrière, tout détruire, tout saccager, pour que rien de cela ne se fasse. »

THE QUEEN. - « Pourquoi ? Oh et puis laisse... Très bien je marche, mais saches que devant nos familles je ne te ferais aucun cadeaux. Et en bon futur mari, tu te plieras à mes envies, sinon... Je ne suis pas de la partie. »

THE KING - « Comme tu veux, bella, mais ce sera récirpoque. Mais tu sais ... Il faudra que tu te plies à mes envies également. Tu es peut-être la Reine, bella, mais moi, je suis le Roi. »

THE QUEEN. - « Mais un Roi, n'est rien sans sa Reine. »

THE KING - « Certainement ... C'est plus amusant de tromper à deux. »

THE QUEEN. - « Echec et mat. Que le jeu commence, Darling. »




LE TYRAN - « Elie ? Tu as reçu ta lettre de Poudlard ! »
THE KING - « Donne ! »

Pour Elie, cette lettre était bien plus qu'un bout de papier qui lui annonçait qu'il était inscrit à Poudlard. Cette lettre, c'était sa liberté. Toute son enfance, il avait subi brimades, coups et disputes. A Poudlard, rien de tout cela n'existerait. Et Jacob serait lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Poudlard était le paradis pour le jeune Clash. Oh oui, le Paradis. Il se promit solennellement que rien ne serait plus jamais comme avant. Il allait découvrir une nouvelle vie faite uniquement de plaisirs. Un sourire s'étira sur ses lèvres enfantines, et sa mère le lui rendit, croyant qu'il lui était adressé. La pauvre, si elle avait su ce que deviendrait son fils ...



« Maintenant ? Je suis celui qui supporte les caprices de Natalia, je la consoler, je la berce, je la rassure. Je suis celui qui dans les toilettes s'avale de jolis cachets blancs prescrits par le médecin. Je suis celui qui part dans des délires euphoriques ou dans de noires dépressions. Je suis celui qui sait bien cacher ses secrets et ses sentiments. Je suis celui qui prendrait volontiers un bain dans le lac ou qui escaladerait avec joie la tour des Serdaigle. Je suis Elie Clash, je suis No Limit. »